En direct de l’Usine Utopik - #partie 3

À  chacun son style !

Lorsque l’on passe la porte de l’Usine Utopik, nous entrons dans une bulle artistique. La luminosité, les couleurs et le calme apaisant du lieu nous invitent à laisser derrière nous nos pensées du quotidien pour nous concentrer sur les œuvres qui nous entourent.
Du sol au plafond, notre regard est attiré et c’est rapidement que nous nous retrouvons au plus proche des œuvres exposées avec, parfois même, l’impression d’être au cœur de l’exposition. 
Acteur de notre propre visite, l’espace offert par l’Usine Utopik et la manière dont les œuvres d’art sont exposées nous permettent de les appréhender d’une manière presque « intime » avec la possibilité de tourner autour, de nous rapprocher, d’admirer chaque détail… de chercher l’angle, le point de vue, qui nous permettra d’en faire notre propre interprétation. 
Si, comme nous l’avons évoqué dans notre article précédent, les artistes sont exposés par trinômes, les œuvres de chacun n’en restent pas moins très différentes.
Thématiques abordées, matières utilisées… Les trois artistes nous partagent leurs émotions, leurs regards sur le monde qui nous entoure et leurs talents dans un style qui leur est propre.

Paolo Boosten / […] à la manière d’une calligraphie méditative, ses images livrent aux spectateurs une symbolique crue et ambivalente tirée du réel, que seuls l’imaginaire et le subconscient sont à même de déchiffrer. […]
Léa Dhordain / […] Fascinée par le pouvoir mémoriel du patrimoine vernaculaire, Léa Dhordain observe les traces de l’Histoire inscrites dans le paysage. Comment réenchanter toutes ces formes héritées des générations passées, souvent délaissées par la culture de masse ? […]
Johann Van Aerden / […] À l’heure où l’idéologie du progrès s’effondre et où le changement climatique nous menace d’extinction, Johann Van Aerden investit le genre de l’anticipation pour venir cultiver de nouvelles façons de penser l’avenir. […]

Textes : Licia Demuro, curatrice indépendante et critique d’art (extraits)

Rencontre avec l’artiste Paolo Boosten

Alors que notre visite de l’exposition « Contrastes des temps » touchait à sa fin, nous avons eu la chance de pouvoir croiser l’artiste Paolo Boosten, présent ce même jour à l’Usine Utopik. 
Profitant de cette occasion, nous avons proposé à cet artiste talentueux et d’une grande gentillesse, une petite interview que nous avons le plaisir de vous partager.

Vous étiez en résidence de création de mars à mai 2023 à l’usine Utopik. Connaissiez-vous ce lieu culturel avant ?  

J'ai eu connaissance de l'Usine Utopik à travers les appels à candidatures pour les résidences, ainsi que par le bouche-à-oreille, mais n'étant pas de la région je ne l'avais jamais visité auparavant.

Qu’avez-vous découvert dans ce lieu, sur ce territoire ? Ce lieu vous a-t-il aidé dans votre travail ?

Concernant le lieu de création à L'Usine Utopik, le cadre de travail était très favorable et très stimulant, le fait d'être dans un atelier collectif a créé une vraie dynamique de travail qui a été bénéfique à tous les acteurs de cette résidence d'artistes. Le territoire a aussi offert un cadre de travail très inspirant, notamment par le caractère luxuriant de la nature et des paysages, ainsi que par la richesse patrimoniale environnante.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours (études, type d'art, vos inspirations...) ? Pouvez-vous nous décrire votre approche du dessin ? Vous utilisez l’encre de chine, comment avez-vous commencé à travailler cette matière ? Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

Ayant baigné dès l'enfance dans un contexte pictural foisonnant et très stimulant, dans l'atelier de mon père, artiste peintre lui aussi, je me suis très vite approprié le langage visuel comme mode d'expression artistique. Le dessin est donc chez moi un élément fondateur et de longue date. J'ai par la suite étudié à l'École Nationale Supérieure d'Art de Bourges, où j'ai été diplômé en 2012. Lors de mes années d'études, j'ai aussi travaillé la peinture à l'huile mais sans jamais me séparer du dessin à l'encre de Chine (surtout à la plume). C'est vers la fin de mes études que j'ai accordé une place beaucoup plus importante à mon travail à l'encre sur papier qui restait jusqu'alors plutôt dans le domaine du dessin préparatoire sans faire œuvre à part entière. La technique du lavis s'est rapidement imposée, créant un pont entre peinture et dessin, le grand format permet de créer des œuvres expressives, et visuellement marquantes, captant toujours le regard du spectateur. Mes inspirations sont très variées et vont de l'art préhistorique à la peinture asiatique et occidentale, en passant par la littérature et le cinéma, mais je puise aussi mon inspiration dans le monde contemporain, ses contradictions et les questions existentielles de notre époque.

Pouvez-vous nous raconter le processus de création de votre toile de 28m de long / 2m50 de haut, réalisée pendant votre résidence à l’Usine Utopik ? Quelles ont été vos inspirations pour cette toile ?

L'œuvre que j'ai créée lors de ma résidence à l'Usine Utopik est le fruit d'un processus de travail assez long et entamé en amont de ma venue à la résidence. La raison à cela est que la technique du lavis à l'encre sur papier ou sur toile ne permet pas le repentir. Il me faut donc planifier à l'avance la composition de toutes mes œuvres. Ayant rapidement opté pour un format monumental, le lieu d'exposition de l'Usine Utopik offre cette opportunité, j'étais conscient que les deux mois de résidence seraient entièrement nécessaires à la production de celle-ci. J'ai donc réalisé en amont de nombreux dessins d'études me permettant de fixer au mieux le sens et la composition. Ensuite, les premiers temps de la résidence à l'Usine Utopik ont été consacrés à la réalisation de plusieurs tests grandeur nature sur la toile de coton choisie pour l'œuvre afin d'en apprendre les caractéristiques. Ce n'est qu'après m'être senti à l'aise avec tous les différents paramètres techniques que j'ai entamé le travail pictural sur l'œuvre qui est aujourd'hui exposée à l'Usine Utopik. Contraint par l'espace limité de l'atelier, j'ai réalisé cette peinture en travaillant segment par segment, ne découvrant l'œuvre dans sa totalité qu'une fois accrochée dans l'espace. J’ai souhaité créer une installation picturale immersive offrant au spectateur une approche dynamique et physique de la peinture. Cette œuvre s’inscrit dans la continuité thématique de mon travail pictural existant et peut se lire comme un regard métaphorique sur notre monde. Chaque élément peint porte une charge symbolique, la confrontation de celles-ci crée du sens dont l’interprétation subjective reste propre à chacun de nous.

Pour suivre l’actualité de l’artiste Paolo Boosten

Sur son site internet > www.paoloboosten.com/

Sur Facebook > www.facebook.com/paol.boos

Sur Instagram > www.instagram.com/paoloboosten/

Rendez-vous les mercredis, samedis et dimanches de 14h30 à 18h, jusqu’au 9 juillet prochain, à l’Usine Utopik de Tessy Bocage pour admirer l’exposition « Contrastes du temps ».

En attendant votre venue, nous sommes heureux de vous proposer une visite virtuelle de l’exposition :